Avec «La Charanga eterna» (Lusafrica), l'Orquesta Aragon fête ses soixante ans. Pour célébrer l'événement, quelques invités dont Papa Wemba (pour témoigner du succès africain du groupe) et la grande Omara Portuondo...

Aux mauvais esprits qui diraient que, décidément, il n'y a que des vieux à Cuba, nous répondrions que non, justement : l'Orquesta Aragon est devenu une telle institution qu'il survit à ses membres originaux, notamment à travers leurs fils, dont trois jouent dans la formation actuelle. Une institution que ce groupe qui, dès sa fondation, bien avant la Révolution, pratiquait le partage «socialiste» des cachets et, surtout, qui a certainement le mieux représenté la musique cubaine de par le monde, de l'Europe à l'Afrique, en étant notamment à l'origine du succès mondial du cha-cha-cha...

«Calling Rastafari»(M10) vient témoigner des trente ans de carrière de Winston Rodney, alias Burning Spear, et de la foi toujours intacte de celui qui est sans conteste le «prophète» historique du reggae roots. Sur ce nouvel album, Burning Spear revient d'ailleurs à un son plus "roots" qui convient mieux à sa fibre incantatoire que certaines de ces productions récentes.

Du côté des textes, on reste dans le classique message rastafarien ce qui ne nous surprendra pas. Mais Burning Spear met les choses en perspective, faisant de "Calling Rastafari" la véritable encoche de ses trente ans de carrière. Burning Spear regarde autour de lui, aujourd'hui, "in this present two thousand", et se retourne pour évoquer les décennies passées, que ce soit à propos de sa propre carrière ou pour dénoncer l'actuelle attitude américaine à l'égard de l'immigration. Sur "As it is", en ouverture de l'album, il évoque certaines étapes de son trajet depuis le Studio One, à la fin des sixties, jusqu'à aujourd'hui où, après avoir traverser les épreuves, avoir été "la pierre dont ne voulait pas les constructeurs", il se retrouve toujours sur Key Largo beach "playing my bongos and eating ital stew". On lui souhaite de continuer encore longtemps...

 

 

O.C.