Mantis,
l'espace musical en expansion
Alors
que l'écoute du For distingué lovers de Régis
Ceccarelli allait nous faire maudire Blue Note, sa maison de disques,
le Mantis d'Erik Truffaz nous réconcilie avec le
label du "Finest in Jazz since 1939".
Si
les deux premiers albums d'Erik Truffaz sortis chez Blue
Note, avec leur jazz acoustique portés par des rythmiques
drum'n bass, étaient ceux de la révélation,
Mantis (Blue Note-EMI) peut être considéré
comme celui de la maturité. Le trompettiste a laissé
son groupe habituel : la paire rythmique Giuliani-Erbetta cède
la place à Michel Benita (contrebasse) et Philippe Garcia
(batterie), alors que la guitare de Manu Codija déchire
les grandes plages de ce disque de quelques fulgurantes traînées
électriques. En comparaison, les deux précédents
opus apparaissent aujourd'hui étriqués. En effet,
sur Mantis, Erik Truffaz a souhaité "laisser de la
place au silence, donc à la musique, donc à l'autre
".
En témoigne un beau dialogue avec Anouar Brahem, le grand
joueur de oud, sur un titre. Signe peut-être de plus d'assurance
ou de maîtrise, il sait laisser à l'espace musical
le temps de trouver toute son expansion. Et si plane encore l'ombre
tutélaire de trompettistes de légende, Miles bien
sûr, mais aussi Don Cherry, Erik Truffaz trouve ici toute
la voie de son épanouissement.
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