From
Venezuela with dance-music
Sans
révolution musicale ni grandes déclarations philosophiques,
Los Amigos Invisibles pratiquent la dance-music à la mode
de vénézuélienne. Salsa, funk, disco, house
ou drum'n bass, tout est bon pourvu que ça fasse bouger.
Ni poseurs, ni prétentieux, ces gars-là ne veulent
rien que notre bonheur. En parallèle à leur carrière
de musiciens, ils animent comme djs des soirées underground
à Caracas. Grands amateurs de "french touch"
et de musiques électroniques, ils se baladent volontiers
sur la toile à l'affut de nouveautés. Et ils relativisent
aussi beaucoup l'importance du mp3 dans le piratage
Rencontre
à la Favela Chic avec José Luis Pardo, guitariste
et compositeur, et José Rafael Torres, bassiste. La veille,
ils y ont fait la fête après une arrivée sur
Paris mouvementée (leur car était tombé en
panne sur la route). En ce début d'après-midi, dans
la salle déserte, ils s'en remettent tranquillement. Et,
à propos, pourquoi ce nom-là ?
José
Luis Pardo : Nous jouons n'importe quel style de musique du mambo
au chacha en passant par le funk ou la drum'n bass, sans nous
cantonner à un seul style. Nous n'avons donc pas de style.
Et la personnalité de Los Amigos Invisibles est, en fait,
de ne pas avoir de personnalité propre. Mais ce n'est pas
de cette absence de personnalité propre que vient le "Invisibles".
Cela vient d'un programme télé que nous avions l'habitude
de regarder et où le présentateur arrivait et, face
à la caméra, en s'adressant aux téléspectateurs,
disait : "welcome amigos invisibles"
Etes-vous déjà venus à Paris ?
José Luis Pardo : Oui, c'est la 2e fois. Nous avons tourné
avec Mangu. Nous sommes aussi passés à Toulouse,
Montpellier, Angers, Strasbourg. Et j'adore Perpignan, c'est un
endroit magnifique.
Vous dites aimer les musiques électroniques, vous semblez
également apprécier Rinôçérôse
qui a un peu la même démarche que vous : jouer de
la house avec des guitares électriques.
José Luis Pardo : Nous les aimons beaucoup mais nous n'avons
pas encore pu les rencontrer. Nous aimons énormément
la musique qui vient de France depuis ces 5 dernières années
: Dimitri From Paris, Bob Sinclar. Là, je viens juste d'acheter
Tempovision, le nouvel album d'Etienne de Crécy.
Internet a-t-il pour vous d'autant plus d'importance pour savoir
ce qui se passe dans le monde que vous êtes dans un petit
pays comme le Vénézuéla ?
José Luis Pardo : Absolument, internet est comme la découverte
de Mc Luhan sur le "village global". Nous pouvons être
en contact avec des gens au Japon, en Australie, c'est incroyable.
Nous adorons internet, le fait que l'on puisse, par exemple, acheter
des disques que l'on ne trouve pas au Vénézuéla.
Et si tu n'as pas envie de dépenser d'argent, tu les télécharges
en mp3.
Vous téléchargez de la musique, mais en tant
qu'auteurs-compositeurs, ça ne vous dérange pas
que l'on fasse la même chose avec votre musique sans que
vous touchiez de droits d'auteurs ?
José Luis Pardo : Pour nous, c'est très marrant.
Les labels sont complètement sens dessus-dessous avec Napster
et compagnie. Mais pour nous qui ne touchons pas grand-chose avec
les ventes de disques, ce n'est pas grave. Ce qui compte, c'est
que plus il y aura de gens qui ont le disque, plus il y aura de
monde aux concerts où là nous sommes payés
pour jouer. Après, peu importe la façon dont ils
ont eu le disque.
José Rafael Torres : Et au Vénézuéla,
il y a toujours eu beaucoup de pirates. Même bien avant
internet. On peut acheter n'importe quel cd pirate avec la pochette
d'origine dans la rue, ou sur les marchés.
Connaissez-vous le site Fairtunes où l'on peut envoyer
l'argent que l'on veut aux musiciens ? Que pensez-vous de cette
intitiative qui revient au mode le plus traditionnel de rémunérer
les musiciens ?
José Luis Pardo : La musique et internet peuvent très
bien fonctionner ensemble. Tu peux vendre ton disque et recevoir
l'argent directement. C'est l'avenir. J'aimerais que quiconque
veut notre musique puisse l'avoir.
Vous parlez souvent d'histoires de masturbation et de sexe
dans vos chansons, est-ce simplement parce que ça fait
partie de la fête ?
José Luis Pardo : Nous ne faisons pas de grandes déclarations
politiques ou philosophiques, nous voulons juste rendre les gens
heureux. Nous avons des chansons qui parlent de sexe à
la manière dont une bande de mecs peuvent parler des filles
et faire des blagues mais le contenu n'est jamais offensant. Ce
sont juste des blagues, nous ne racontons rien de nouveau. Sur
l'album précédent, on jouait avec tout ces trucs
machistes mais c'était juste ironique, nous ne sommes pas
machos.
Si vous deveniez invisibles, pensez-vous que, comme dans le
film Hollow Man, ce serait vos penchants mauvais qui s'extérioriseraient
?
José Luis Pardo : Non, mais j'en profiterais pour regarder
les filles.
Propos
recueillis par Olivier Cathus
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