Interview Date : 15 mars 2001 par Olivier Cathus

From Venezuela with dance-music

Sans révolution musicale ni grandes déclarations philosophiques, Los Amigos Invisibles pratiquent la dance-music à la mode de vénézuélienne. Salsa, funk, disco, house ou drum'n bass, tout est bon pourvu que ça fasse bouger. Ni poseurs, ni prétentieux, ces gars-là ne veulent rien que notre bonheur. En parallèle à leur carrière de musiciens, ils animent comme djs des soirées underground à Caracas. Grands amateurs de "french touch" et de musiques électroniques, ils se baladent volontiers sur la toile à l'affut de nouveautés. Et ils relativisent aussi beaucoup l'importance du mp3 dans le piratage… Rencontre à la Favela Chic avec José Luis Pardo, guitariste et compositeur, et José Rafael Torres, bassiste. La veille, ils y ont fait la fête après une arrivée sur Paris mouvementée (leur car était tombé en panne sur la route). En ce début d'après-midi, dans la salle déserte, ils s'en remettent tranquillement. Et, à propos, pourquoi ce nom-là ?

José Luis Pardo : Nous jouons n'importe quel style de musique du mambo au chacha en passant par le funk ou la drum'n bass, sans nous cantonner à un seul style. Nous n'avons donc pas de style. Et la personnalité de Los Amigos Invisibles est, en fait, de ne pas avoir de personnalité propre. Mais ce n'est pas de cette absence de personnalité propre que vient le "Invisibles". Cela vient d'un programme télé que nous avions l'habitude de regarder et où le présentateur arrivait et, face à la caméra, en s'adressant aux téléspectateurs, disait : "welcome amigos invisibles"…

Etes-vous déjà venus à Paris ?
José Luis Pardo : Oui, c'est la 2e fois. Nous avons tourné avec Mangu. Nous sommes aussi passés à Toulouse, Montpellier, Angers, Strasbourg. Et j'adore Perpignan, c'est un endroit magnifique.

Vous dites aimer les musiques électroniques, vous semblez également apprécier Rinôçérôse qui a un peu la même démarche que vous : jouer de la house avec des guitares électriques.
José Luis Pardo : Nous les aimons beaucoup mais nous n'avons pas encore pu les rencontrer. Nous aimons énormément la musique qui vient de France depuis ces 5 dernières années : Dimitri From Paris, Bob Sinclar. Là, je viens juste d'acheter Tempovision, le nouvel album d'Etienne de Crécy.

Internet a-t-il pour vous d'autant plus d'importance pour savoir ce qui se passe dans le monde que vous êtes dans un petit pays comme le Vénézuéla ?
José Luis Pardo : Absolument, internet est comme la découverte de Mc Luhan sur le "village global". Nous pouvons être en contact avec des gens au Japon, en Australie, c'est incroyable. Nous adorons internet, le fait que l'on puisse, par exemple, acheter des disques que l'on ne trouve pas au Vénézuéla. Et si tu n'as pas envie de dépenser d'argent, tu les télécharges en mp3.

Vous téléchargez de la musique, mais en tant qu'auteurs-compositeurs, ça ne vous dérange pas que l'on fasse la même chose avec votre musique sans que vous touchiez de droits d'auteurs ?
José Luis Pardo : Pour nous, c'est très marrant. Les labels sont complètement sens dessus-dessous avec Napster et compagnie. Mais pour nous qui ne touchons pas grand-chose avec les ventes de disques, ce n'est pas grave. Ce qui compte, c'est que plus il y aura de gens qui ont le disque, plus il y aura de monde aux concerts où là nous sommes payés pour jouer. Après, peu importe la façon dont ils ont eu le disque.
José Rafael Torres : Et au Vénézuéla, il y a toujours eu beaucoup de pirates. Même bien avant internet. On peut acheter n'importe quel cd pirate avec la pochette d'origine dans la rue, ou sur les marchés.

Connaissez-vous le site Fairtunes où l'on peut envoyer l'argent que l'on veut aux musiciens ? Que pensez-vous de cette intitiative qui revient au mode le plus traditionnel de rémunérer les musiciens ?
José Luis Pardo : La musique et internet peuvent très bien fonctionner ensemble. Tu peux vendre ton disque et recevoir l'argent directement. C'est l'avenir. J'aimerais que quiconque veut notre musique puisse l'avoir.

Vous parlez souvent d'histoires de masturbation et de sexe dans vos chansons, est-ce simplement parce que ça fait partie de la fête ?
José Luis Pardo : Nous ne faisons pas de grandes déclarations politiques ou philosophiques, nous voulons juste rendre les gens heureux. Nous avons des chansons qui parlent de sexe à la manière dont une bande de mecs peuvent parler des filles et faire des blagues mais le contenu n'est jamais offensant. Ce sont juste des blagues, nous ne racontons rien de nouveau. Sur l'album précédent, on jouait avec tout ces trucs machistes mais c'était juste ironique, nous ne sommes pas machos.

Si vous deveniez invisibles, pensez-vous que, comme dans le film Hollow Man, ce serait vos penchants mauvais qui s'extérioriseraient ?
José Luis Pardo : Non, mais j'en profiterais pour regarder les filles.

Propos recueillis par Olivier Cathus

 
mise à jour : 14/03/01
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