gredin

Keith DIXON

"Un digne hŽritier ", Raisons dagir, Liber.

VOIE SANS ISSUE

SOCIOLOGIE

Keith Dixon reprend lˆ o son prŽcŽdent livre " Les ŽvangŽlistes du marchŽ sŽtait arrtŽ ". Aprs avoir montrŽ, les consŽquences dŽsastreuses sur lAngleterre du ThatchŽrisme pour lŽcole, les services publiques, la vie syndicale et la condition sociale de la classe ouvrire et des pauvres en gŽnŽral de lautre c™tŽ de la manche, il poursuit son examen de la rŽalitŽ sociale du pays dirigŽ maintenant par les travaillistes de Tony Blair. Dixon se livre ˆ un rŽquisitoire sans faille de la politique conduite depuis mai 1997 par le leader travailliste. Il montre que derrire les beaux discours et la thŽorie ŽbauchŽe par Anthony Giddens, la fameuse "troisime voie", le grand penseur anglais post-moderne, importateur des idŽes dŽfendues en quelque sorte ici par Michel Maffesoli se terrent la reprise et lapplication des idŽes dŽfendues auparavant par Thatcher et Major. Le travaillisme blairien nest rien dautre que la continuation du nŽo-libŽralisme par dautres mots et dautres moyens. Construit en plusieurs temps, Dixon sarrte tout dabord sur la carrire du Premier Ministre et relate son ascension fulgurante au sein du parti, ainsi que sa prise de pouvoir il y a deux ans. EpuisŽ par des luttes intestines entre laile gauche du parti, les proches des syndicats qui ont dŽfendu Arthur Scargill et les mineurs pendant les grandes grves et laile droite du parti tentŽ par la "rŽussite " du thatchŽrisme, le parti incapable dy faire face a ŽtŽ livrŽ clŽ en mains ˆ Anthony Bl air qui la nettoyŽ de fond en comble voir vidŽ de sa substance, en faisant rŽviser notamment le fameux article 4 qui prŽconisait "lobtention pour les travailleurs intellectuels et manuels du plein fruit de leur industrie et la distribution la plus Žquitable de ce fruit qui puisse tre envisagŽe sur la base de la propriŽtŽ commune des moyens de production, de distribution et dŽchange et du systme le plus appropriŽ dadministration et de contr™le populaires de chaque industrie ou service ". Blair a cŽlŽbrŽ la rupture avec le socialisme en le remplaant par une phrase nettement plus sibylline : " le parti travailliste est un parti socialiste dŽmocratique qui croit que par la force de nos efforts communs, nous pouvons faire plus que nous ne pouvons faire seuls, ce qui implique pour chacun les moyens de rŽaliser son plein potentiel, et pour tous une communautŽ do le pouvoir, la richesse et les chances sont aux mains du plus grand nombre et non pas de quelques uns; o les droits dont nous jouissons refltent nos obligations ". Tony Blair une fois aux affaires a Žliminer tous ses adversaires et rŽduit ˆ nŽant pour un temps laile gauche de son parti. Il a, aidŽ de ses conseillers en communication, qui lentourent sans arrt et des universitaires les plus influents qui se sont mis ˆ son service, dans un premier temps rassurŽ les marchŽs et fait le beau devant les journalistes les plus nausŽabonds du groupe de presse de Rupert Murdock qui contrairement ˆ ses habitudes a soutenu le parti travailliste lors des Žlections de 1997. Sous couvert de crŽdibilitŽ auprs des marchŽs et des mŽdias pour qui, limage du parti travailliste Žtait dŽsastreuse et symbole des cafouillages du service public et de grves incessantes qui paralysaient le pays, Blair a vantŽ la modernisation ou la mort et donc a vendu son parti ˆ l‰me du nŽo-libŽralisme. Le parti sest dissociŽ des syndicats, ne revenant, bien au contraire, sur aucune des lois votŽes sous Thatcher qui a considŽrablement amenuisŽ leurs influences. Blair a aussi rompu avec la ligne anti-nuclŽaire du parti pour rejoindre les rangs de latlantisme comme nous avons pu le voir lors de la guerre au Kosovo. Mais cest depuis sa prise de pouvoir aux Žlections en 1997 que le masque est tombŽ. Notamment la conversion du travaillisme ˆ la mondialisation comme le dit si bien, John Gray lun des grands dŽfenseurs du blairisme qui reprend la propagande nŽo-libŽrale qui nous est assŽnŽe tous les jours : " On ne peut pas revenir en arrire. Les gouvernements sociaux-dŽmocrates ne peuvent plus employer les mŽthodes traditionnelles de la stimulation de la demande et du recours ˆ lŽtat parce que les marchŽs financiers ne le permettraient pas ". Gray utilise la rhŽtorique dŽsormais classique, la querelle des anciens et des modernes, mettant ceux qui dŽfendent la prŽsence de lŽtat dans lŽconomie du c™tŽ des archa•ques et des conservateurs et surtout largument de limpuissance populaire, cette mme impuissance qui naurait jamais du se manifester ˆ Seattle et qui va dailleurs resurgir bient™t ˆ Davos en Suisse dans les alpages. Blair sans Žquivoques, sest dailleurs prononcŽ dans son livre pour lallŽgement de la fiscalitŽ qui permet aux gens qui travaillent dur et qui prennent des risques de devenir riche, ce qui a ŽtŽ enlevŽ dans la version franaise de ce mme livre. Dans la seconde partie de son ouvrage, Keith Dixon examine les rŽsultats des travaillistes au pouvoir depuis deux ans. Il ironise sur la valeur du salaire minimum en Angleterre, que les socialistes ici se sont empressŽs de louer ˆ grand renfort dautosatisfaction comme ils savent si bien faire : £3, 60 de lheure seulement, contrairement aux £4,50 dŽsirŽes par les syndicats. Blair se prononce pour les emplois prŽcaires et ˆ bas salaires qui, facilitent le passage du ch™mage ˆ lemploi. Argument repris ici par Lionel Jospin en visite dans les banlieues ˆ Gennevilliers et ˆ Asnires et qui a dŽclarŽ mieux vaut un emploi-jeune ˆ 5000frs que pas demploi du tout. Il est dailleurs Žtonnant malgrŽ toutes les prŽcautions prises par les socialistes franais et les distances Žvidentes entre les deux politiques, dentendre parfois des accents communs. Notamment lorsque Jack Straw, le mme qui a remis en libertŽ Pinochet dŽclare : "Ceux et celles qui travaillent dans les services sociaux ou sont chargŽs de suivre la libertŽ surveillŽe des condamnŽs , ainsi que ceux qui fournissent le cadre intellectuel ˆ notre systme de peines, ˆ savoir des chercheurs universitaires, sont trop ŽloignŽs de la perception publique des problmes " et que Martine Aubry dŽclare dans les ActualitŽs Sociales hebdomadaires en Novembre : " il faut remettre les travailleurs sociaux sur le terrain ". Lorsque la mŽthode Allgre rejoint la mŽthode Aubry, lanti-intellectualisme en moins, on peut trouver une source dinspiration dans la troisime voie. Dixon ensuite montre que les rŽalisations aux frontires sont loin dtre gagnŽes. Le processus de paix en Irlande a du plomb dans laile et la relative dautonomie des parlements en Galles et en Ecosse, pas encore une rŽussite ˆ part entire. Dixon dŽveloppe ensuite une fine analyse du processus de privatisation partielle de lŽcole, notamment comment McDonald est devenu un partenaire privilŽgiŽ de la zone dŽducation prioritaire du Nord du Somerset. Mc Do a distribuŽ un pack Žducatif qui invitait les enfants ˆ faire e lhistoire locale en rŽflŽchissant aux diffŽrentes utilisations antŽrieures du site du restaurant McDonalds et invitait les professeur de musique ˆ inventer des musiques dur le thme " Old Mc Donalds had a store ". La Mc Žducation nŽtant que la pointe visible dune ŽpŽe plantŽe au cur des services publics et qui nallait pas tarder ˆ appara”tre dans son ensemble. Dans un dernier chapitre Dixon dŽveloppe la thse dŽjˆ reprise dans cette mme collection par Wacquant dun enfermement de la misre et donne les premiers rŽsultats dŽsastreux de cette conversion ˆ lidŽologie amŽricaine la plus libŽrale : le tout rŽpressif sadresse surtout aux jeunes et ˆ la dŽgradation morale. Latteinte aux murs et le combat nŽcessaire pour la vertu saffiche toujours en bonnes lettres dans la nouvelle idŽologie blairiste qui se dŽclare volontiers catholique comme a pu le montrer sa prŽsence lors des grandes cŽrŽmonies aux c™tŽs de la famille royale. Dixon conclut son livre positivement en mettant en avant que le soufflŽ est dŽjˆ retombŽ, en France et que mme le journal LibŽration si prompt ˆ louer les mŽrites du nŽo-travaillisme est en train de le l‰cher. De plus que le manifeste Blair-Schroeder, aux forts accents nŽo-libŽraux pour ne pas dire plus, a sceller lŽchec Žlectoral des deux leaders europŽens au moment o cette politique aurait du leur ouvrir les portes du triomphe, ce qui laisse donc beaucoup despoir aux adversaires de la troisime voie qui, si elle continue ainsi il faudra quand mme voir quel va tre laccueil rŽservŽ au livre manifeste de Giddens qui va sortir prochainement ici a toutes les chances dtre une vois sans issue.

Berric.


		Keith DIXON "Un digne hŽritier ", Raisons dagir, Liber. VOIE SANS ISSUE
SOCIOLOGIE
		Keith Dixon reprend lˆ o son prŽcŽdent livre " Les ŽvangŽlistes du marchŽ sŽtait arrtŽ ". Aprs avoir montrŽ, les consŽquences dŽsastreuses sur lAngleterre du ThatchŽrisme pour lŽcole, les services publiques, la vie syndicale et la condition sociale de la classe ouvrire et des pauvres en gŽnŽral de lautre c™tŽ de la manche, il poursuit son examen de la rŽalitŽ sociale du pays dirigŽ maintenant par les travaillistes de Tony Blair. Dixon se livre ˆ un rŽquisitoire sans faille de la politique conduite depuis mai 1997 par le leader travailliste. Il montre que derrire les beaux discours et la thŽorie ŽbauchŽe par Anthony Giddens, la fameuse "troisime voie", le grand penseur anglais post-moderne, importateur des idŽes dŽfendues en quelque sorte ici par Michel Maffesoli se terrent la reprise et lapplication des idŽes dŽfendues auparavant par Thatcher et Major. Le travaillisme blairien nest rien dautre que la continuation du nŽo-libŽralisme par dautres mots et dautres moyens. Construit en plusieurs temps, Dixon sarrte tout dabord sur la carrire du Premier Ministre et relate son ascension fulgurante au sein du parti, ainsi que sa prise de pouvoir il y a deux ans. EpuisŽ par des luttes intestines entre laile gauche du parti, les proches des syndicats qui ont dŽfendu Arthur Scargill et les mineurs pendant les grandes grves et laile droite du parti tentŽ par la "rŽussite " du thatchŽrisme, le parti incapable dy faire face a ŽtŽ livrŽ clŽ en mains ˆ Anthony Bl air qui la nettoyŽ de fond en comble voir vidŽ de sa substance, en faisant rŽviser notamment le fameux article 4 qui prŽconisait "lobtention pour les travailleurs intellectuels et manuels du plein fruit de leur industrie et la distribution la plus Žquitable de ce fruit qui puisse tre envisagŽe sur la base de la propriŽtŽ commune des moyens de production, de distribution et dŽchange et du systme le plus appropriŽ dadministration et de contr™le populaires de chaque industrie ou service ". Blair a cŽlŽbrŽ la rupture avec le socialisme en le remplaant par une phrase nettement plus sibylline : " le parti travailliste est un parti socialiste dŽmocratique qui croit que par la force de nos efforts communs, nous pouvons faire plus que nous ne pouvons faire seuls, ce qui implique pour chacun les moyens de rŽaliser son plein potentiel, et pour tous une communautŽ do le pouvoir, la richesse et les chances sont aux mains du plus grand nombre et non pas de quelques uns; o les droits dont nous jouissons refltent nos obligations ". Tony Blair une fois aux affaires a Žliminer tous ses adversaires et rŽduit ˆ nŽant pour un temps laile gauche de son parti. Il a, aidŽ de ses conseillers en communication, qui lentourent sans arrt et des universitaires les plus influents qui se sont mis ˆ son service, dans un premier temps rassurŽ les marchŽs et fait le beau devant les journalistes les plus nausŽabonds du groupe de presse de Rupert Murdock qui contrairement ˆ ses habitudes a soutenu le parti travailliste lors des Žlections de 1997. Sous couvert de crŽdibilitŽ auprs des marchŽs et des mŽdias pour qui, limage du parti travailliste Žtait dŽsastreuse et symbole des cafouillages du service public et de grves incessantes qui paralysaient le pays, Blair a vantŽ la modernisation ou la mort et donc a vendu son parti ˆ l‰me du nŽo-libŽralisme. Le parti sest dissociŽ des syndicats, ne revenant, bien au contraire, sur aucune des lois votŽes sous Thatcher qui a considŽrablement amenuisŽ leurs influences. Blair a aussi rompu avec la ligne anti-nuclŽaire du parti pour rejoindre les rangs de latlantisme comme nous avons pu le voir lors de la guerre au Kosovo. Mais cest depuis sa prise de pouvoir aux Žlections en 1997 que le masque est tombŽ. Notamment la conversion du travaillisme ˆ la mondialisation comme le dit si bien, John Gray lun des grands dŽfenseurs du blairisme qui reprend la propagande nŽo-libŽrale qui nous est assŽnŽe tous les jours : " On ne peut pas revenir en arrire. Les gouvernements sociaux-dŽmocrates ne peuvent plus employer les mŽthodes traditionnelles de la stimulation de la demande et du recours ˆ lŽtat parce que les marchŽs financiers ne le permettraient pas ". Gray utilise la rhŽtorique dŽsormais classique, la querelle des anciens et des modernes, mettant ceux qui dŽfendent la prŽsence de lŽtat dans lŽconomie du c™tŽ des archa•ques et des conservateurs et surtout largument de limpuissance populaire, cette mme impuissance qui naurait jamais du se manifester ˆ Seattle et qui va dailleurs resurgir bient™t ˆ Davos en Suisse dans les alpages. Blair sans Žquivoques, sest dailleurs prononcŽ dans son livre pour lallŽgement de la fiscalitŽ qui permet aux gens qui travaillent dur et qui prennent des risques de devenir riche, ce qui a ŽtŽ enlevŽ dans la version franaise de ce mme livre. Dans la seconde partie de son ouvrage, Keith Dixon examine les rŽsultats des travaillistes au pouvoir depuis deux ans. Il ironise sur la valeur du salaire minimum en Angleterre, que les socialistes ici se sont empressŽs de louer ˆ grand renfort dautosatisfaction comme ils savent si bien faire : £3, 60 de lheure seulement, contrairement aux £4,50 dŽsirŽes par les syndicats. Blair se prononce pour les emplois prŽcaires et ˆ bas salaires qui, facilitent le passage du ch™mage ˆ lemploi. Argument repris ici par Lionel Jospin en visite dans les banlieues ˆ Gennevilliers et ˆ Asnires et qui a dŽclarŽ mieux vaut un emploi-jeune ˆ 5000frs que pas demploi du tout. Il est dailleurs Žtonnant malgrŽ toutes les prŽcautions prises par les socialistes franais et les distances Žvidentes entre les deux politiques, dentendre parfois des accents communs. Notamment lorsque Jack Straw, le mme qui a remis en libertŽ Pinochet dŽclare : "Ceux et celles qui travaillent dans les services sociaux ou sont chargŽs de suivre la libertŽ surveillŽe des condamnŽs , ainsi que ceux qui fournissent le cadre intellectuel ˆ notre systme de peines, ˆ savoir des chercheurs universitaires, sont trop ŽloignŽs de la perception publique des problmes " et que Martine Aubry dŽclare dans les ActualitŽs Sociales hebdomadaires en Novembre : " il faut remettre les travailleurs sociaux sur le terrain ". Lorsque la mŽthode Allgre rejoint la mŽthode Aubry, lanti-intellectualisme en moins, on peut trouver une source dinspiration dans la troisime voie. Dixon ensuite montre que les rŽalisations aux frontires sont loin dtre gagnŽes. Le processus de paix en Irlande a du plomb dans laile et la relative dautonomie des parlements en Galles et en Ecosse, pas encore une rŽussite ˆ part entire. Dixon dŽveloppe ensuite une fine analyse du processus de privatisation partielle de lŽcole, notamment comment McDonald est devenu un partenaire privilŽgiŽ de la zone dŽducation prioritaire du Nord du Somerset. Mc Do a distribuŽ un pack Žducatif qui invitait les enfants ˆ faire e lhistoire locale en rŽflŽchissant aux diffŽrentes utilisations antŽrieures du site du restaurant McDonalds et invitait les professeur de musique ˆ inventer des musiques dur le thme " Old Mc Donalds had a store ". La Mc Žducation nŽtant que la pointe visible dune ŽpŽe plantŽe au cur des services publics et qui nallait pas tarder ˆ appara”tre dans son ensemble. Dans un dernier chapitre Dixon dŽveloppe la thse dŽjˆ reprise dans cette mme collection par Wacquant dun enfermement de la misre et donne les premiers rŽsultats dŽsastreux de cette conversion ˆ lidŽologie amŽricaine la plus libŽrale : le tout rŽpressif sadresse surtout aux jeunes et ˆ la dŽgradation morale. Latteinte aux murs et le combat nŽcessaire pour la vertu saffiche toujours en bonnes lettres dans la nouvelle idŽologie blairiste qui se dŽclare volontiers catholique comme a pu le montrer sa prŽsence lors des grandes cŽrŽmonies aux c™tŽs de la famille royale. Dixon conclut son livre positivement en mettant en avant que le soufflŽ est dŽjˆ retombŽ, en France et que mme le journal LibŽration si prompt ˆ louer les mŽrites du nŽo-travaillisme est en train de le l‰cher. De plus que le manifeste Blair-Schroeder, aux forts accents nŽo-libŽraux pour ne pas dire plus, a sceller lŽchec Žlectoral des deux leaders europŽens au moment o cette politique aurait du leur ouvrir les portes du triomphe, ce qui laisse donc beaucoup despoir aux adversaires de la troisime voie qui, si elle continue ainsi il faudra quand mme voir quel va tre laccueil rŽservŽ au livre manifeste de Giddens qui va sortir prochainement ici a toutes les chances dtre une vois sans issue. Berric.