Les prisons de la honte


 


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À peine le livre de Loïc Wacquant publié qu'un nouveau scandale éclabousse la terrible politique répressive américaine. Si les détenus américains payent une partie de leur frais d'incarcération, le New York Times vient de révéler un système cruel d'exploitation. L'administration pénitentiaire américaine fait un profit de 60% à chaque fois qu'un détenu donne un coup de téléphone pour parler à sa famille. Cette manoeuvre rapporte 21 millions de dollars de gains annuels.
 
Lorsque l'on sait que les USA possèdent une population carcérale de 2 millions de détenus, l'on ne peut qu'être songeur quant au bénéfice financier de l'opération. En dix ans la population carcérale a doublé et sous le coup de cette inflation, l'administration a eu une idée de génie pour financer ses dépenses : faire payer 30% plus cher au moins aux détenus et à leur famille les coups de téléphone que le prix normalement tarifé.
 
Pendant ce temps, l'administration signe des contrats d'exclusivité avec des compagnies de téléphone qui rapporte des millions de dollars grâce aux commissions versées par ces mêmes compagnies de téléphone.
 
Le marché est si juteux que les compagnies n'hésitent pas à offrir des commissions allant jusquà 60% du chiffre d'affaire. Les détenus sont obligés de passer par l'opérateur pour téléphoner. Ce qui augmente le coût de l'opération de 30%. L'administration déclare qu'ainsi les contribuables n'ont plus à payer pour les détenus.
 
Les familles ont porté plainte mais l'administration trouve cela normal car le contribuable paye pour un lit et trois repas par jour. Il est temps de dénoncer les dérives de la politique du tout répressif aux USA car l'argent rapporté ne sert même pas à l'aide sociale aux prisonniers, au contraire celle-ci baisse année après année.
 
Les USA ont inventé en cette fin de siècle, le marché rentable de la prison et de la torture. De plus en plus d'entreprises vivent confortablement de ce nouveau marché fructueux qui s'étale de la construction de prisons rentables au marché des armes et des instruments de tortures telles que les ceintures électriques et les matraques électriques dénoncés par Amnesty International au cours de sa campagne USA.
 
Nous ne pouvons également que regretter l'interdiction inique de la publicité d'Amnesty International contre les pratiques de la police américaine. Le combat continue et nécessite notre vigilance au quotidien.
 

 

Bertrand RICARD

 
P.S/ Lire le livre instructif de Loïc Wacquant : Les prisons de la misère, Raisons d'agir-Liber.