JEUNE KORA ET VIEILLE TROVA

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Tels pères, tels fils...

Dès son premier album solo, « Kaira » (1987), Toumani Diabaté s'affirme comme l'un des plus brillants joueurs de kora. Virtuose, il modernise l'approche de l'instrument, développe son propre style,

inspiré du jeu de guitare ou de certaines percussions maliennes, et se permet d'enregistrer la kora solo, sans autre accompagnement. On le retrouva également en compagnie des gitans de Ketama, le temps des deux albums superbes de Songhaï et centrés sur les dialogues entre cordes flamencas et mandingues. Aujourd'hui, avec ce titre a priori paradoxal, « Nouvelles cordes anciennes » (Ryko-HannibalRec.), Toumani Diabaté et Ballake Sissoko, son compère d'enfance, reprennent les thèmes qu'avaient enregistrés leurs pères Sidiki Diabaté et Djelimadi Sissoko lors de ce qui fut, en 1970, le premier enregistrement de musique de kora : « Cordes anciennes ». Cet album enregistré en une seule soirée est tout à la fois un hommage et un témoignage de l'évolution de la kora au cours de ces trente dernières années.

À signaler également la collection Prophet (Kora Sons-Philips). Elle regroupe les enregistrements réalisés depuis trente-huit par Charles Duvelle. Les dix premiers volumes sont consacrés à l'Afrique, mis à part l'un d'entre eux consacré à la Papouasie-Nouvelle Guinée. les enregistrements sont réalisés sur le terrain même par Duvelle, ce qui leur donne cette spontanéité, cette impression d'instants saisis au vol et toujours au coeur de la vie...

 

Anciens troubadours vieux...

Depuis quelques années, on n'en finit pas de re-découvrir les trésors de la musique cubaine. Longtemps dans l'ombre de son rejeton salsa, le son fut abondamment fêté à travers la gloire tardive de Francisco Repilado, alias Compay Segundo,

alias « un-sacré-Pépé-Caïd-que-celui-là », ou encore à travers le succès de l'album Buenavista Social Club. Nous n'avons hélas pas encore écouté l'album d'Ibrahim Ferrer, roucouleur de charme et membre du dit club. Par contre, avec « Casa de la Trova » (Détour), c'est la vieille génération cubaine des « troubadours » qui trouve l'occasion de faire entendre un répertoire sans rides et qui offrit d'ailleurs quelques uns de ses beaux airs au son.

Ce disque rassemble quelques interprètes parmi les plus représentatifs et historiques de la trova : les soeurs Faez et les soeurs Ferrin, le Trio Miraflores ou Alejandro Almenares. Enrichies de boléros, criollas ou guajiras, les « sérénades » de ces anciens sont accompagnées à la guitare, au très, à la clave, ou encore de couleurs plus classiques (le choeur Orféon de Santiago ou la Camerata de Camagüey), histoire de rappeler que des compositeurs classiques cubains s'en sont inspirés.

Réalisé par Cyrius Martinez, cet album nous confirme que l'homme est aussi un « passeur ». Non content d'avoir sorti l'an dernier, sous son nom, le plus bel album de son en français qui soit, Cyrius, en musicien respectueux, participe à la reconnaissance de ces grands musiciens qui l'ont influencé ou accompagné lors de son séjour prolongé dans l'île, qu'il s'agisse de la Fanfare Municipale de Santiago (coll. Musique du Monde-Buda) ou des musiciens ici présents.

« Casa de la Trova » est en tout cas un nouveau témoignage de l'immense richesse du patrimoine musical cubain et, avant tout, l'occasion d'entendre des voix belles d'émotions brutes et rendues plus belles encore de l'expérience d'une vie déjà longue...

Olivier Cathus