POUR LA ROUTE DES VACANCES

 

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Avec l'été, viennent les musiques de vacances... À chaque vacances, leur musique. Certains voudront le tube qui animera les nuits, d'autres chercheront plus de substance ou d'ambiance, d'autres encore des rythmes à suivre...

Pour la route... Ceux qui prendront l'autoroute pourraient, par exemple, écouter l' « Installation sonore » (V2) de Rinôcérôse, jeune groupe montpelliérain qui a décidé de faire de la house avec trois guitares et, en déroulant la répétitivité évolutive de ses rythmes, nous rend fluide la longue route et avale les kilomètres.

Pour ceux qui préfèrent les méandres flaneurs des départementales, les «Rhythms of the Heart» (Verve) de Regina Carter. Son violon jazz qui virevolte virtuose, nous balade à travers une grande variété de paysages, et conduit son équipage à géométrie variable (du duo au sextet) de Gerschwin en bossa nova, de latin en afro-jazz.

Invitée à reprendre « Papa was a rolling stone » des Temptations, plutôt que de chercher à rivaliser avec les cinq fantastiques voix de l'original, Cassandra Wilson chante ce classique de la soul comme l'archétype même du blues. Il est vrai que le rolling stone est au coeur même du blues et de sa légende. Avant d'avoir désigné, comme ici, le bluesman bourlingueur et buveur, le rolling stone était, en effet, la pierre sacrée avalée par les esclaves avant d'être embarqués en fond de cale...

Blues toujours mais, cette fois-ci, pour se mettre au vert. Avec « Greens from the garden » (Alligator / Night&Day), Correy Harris et son blues « vert », c'est comme Gabin au bord de l'eau : « chagrins et peines de la semaine, tout est noyé dans le bleu, dans le vert ».

De halte-biguine créole (en français dans le texte sur « Eh là-bas » et « Pas parlez ») en détour New Orleans, de nonchalance reggae (« Wild West ») en interludes-tranches de vie, de blues acoustique en blues électrique, la bonne humeur accompagne le parcours de ce bluesman rasta, visiblement plus inspiré par les légumes verts et la ganja que par le ragoût-bourbon...

 

Pour ceux qui rêvent des îles grecques... Enfin, il était temps ! Ma vieille cassette repiquée n'en pouvait plus, chaque fois plus rongée par les ans et les magnétos... Voici donc enfin un cd de la diva grecque Eleftheria Arvanitaki disponible en France, «The very best of 1989-1998 » (Emarcy).

Arvanitaki est une véritable star dans son pays : il n'y a qu'à entendre l'enthousiasme du public à reprendre par coeur « Dinata », un de ses plus grands succès, pour le constater. Arvanitaki s'est faite connaître en remettant à la mode les vieilles chansons des Grecs de Turquie, et en ajoutant parfois des claviers « new-wave » aux instruments traditionnels (bouzouki, violons...). Portée par une voix à l'émotion toutes voiles dehors, la saudade d'Arvanitaki n'a rien à envier à celle d'une Césaria Evora qui devrait, soit dit en passant, être invitée sur son prochain album.

 

Pour se croire à Cuba, enfin, on a le choix. Les vieux ont beau faire de l'ombre à la nouvelle musique cubaine, commençons par Ibrahim Ferrer. Avec le label « Buena Vista Social Club », il signe à 72 ans son 1er album solo (World Circuit / Night&Day) et c'est tout simplement une perle.

Exhumant des trésors de son et de boléro, les arrangements sont magnifiques et fidèles aux originaux « d'époque », et ne lésinent pas sur les cuivres, guitares, percussions ou même les cordes sur quelques morceaux. La voix d'Ibrahim Ferrer, plus veloutée et émouvante que jamais, trouve même à qui parler sur « Marietta » et « Silencio », duos avec Teresa Garcia Cartula et Omara Portuondo d'une rare intensité.

Leyanis Lopez, elle, est jeune, son premier album « Como la mariposa » (Lusafrica) joue néammoins la carte du classicisme rétro tamisé à base de son, cancion, valse et boléro, avec sobriété et beaucoup de charme.

Los Jovenes Classicos del Son et leur « Fruta Bomba » (Night&Day), tout en restant fidèles aux instruments acoustiques, s'avisent de moderniser le son, entendu que selon eux le son est l'essence même de Cuba : un discours de Fidel est son, la rhétorique cubaine est son, la façon de dire les blagues en répétant trois fois la chute est son...

C'est aussi le plus dansant du lot, sans oublier le « Que bueno baila usted » d'Ibrahim Ferrer, pour les cigales de 7 à 77 ans !

 

Olivier Cathus