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Pourtant Ben Harper n'a pas changé depuis ses débuts. Non seulement l'homme est resté le même, en témoigne son regard lucide sur le monde mais aussi son souci permanent de s'ouvrir aux autres révèle chez lhomme, un sens unique pour le plaisir partagé. Sa virtuosité n'est jamais au service de l'onanisme musical, elle ne lui sert qu'à explorer jusqu'à la moëlle, l'ossature des morceaux. Ben Harper démontre que l'on peut se faire plaisir en donnant du plaisir aux autres. Ben Harper oscille certes, encore plus nettement qu'avant entre un côté électrique, hendrixien disons puisqu'il faut bien utiliser la référence, et une vision acoustique de sa musique, plus John Lee Hookerienne, l'une de ses grandes références. Chacun trouvera donc des paysages conformes à ses voeux et désirs. Les amateurs de ballades se réjouiront avec des morceaux tels que " Alone" , " The woman in you " ou " Beloved One ". Les amateurs d'émotions plus électriques se précipiteront sur des chansons comme " Less ", " Burn to shine" et surtout "Forgiven" qui reprend les choses là où " Faded" sur le précédent disque les avaient laissées. Seules fautes de goût, un " Show me a little shame" trop proche d'Otis Redding pour ne pas souffrir la comparaison, forcément défavorable face à une telle montagne, et un clarinettiste sur " Suzie Blue" pas à la hauteur de l'ambition du morceau. Quelques regrets également, l'absence des textes et l'abandon progressif du " Weissenborn " qui constituait sa marque de fabrique.
En revanche, Ben Harper a particulièrment soigné les voix, notamment les choeurs sur " Burn to shine " et " Steal My kisses ", rehaussé d'une human beat box du meilleur goût qui prouve l'amour du guitariste pour toutes les formes rustiques d'inspiration. Qui se souvient aujourd'hui des premiers disques de Run DMC à la Human beat box débordant d'énergie. Ben Harper aime jouer sans fioritures et sans artifices, loin du déploiement digne de la NASA d'autres guitaristes qui cachent (mal) leur manque dinspiration derrière des tonnes d'amplis. Il a aussi soigné les arrangements et élargit le registre des instruments. L'on trouve pêle-mêle : un orgue Hammond, un berimbau, un washboard, un banjo, une mandoline, un quatuor à corde et même un cor anglais. Ben Harper exprime par cela son enracinement dans l'ensemble de la culture musicale américaine et ses influences externes, dignes de tout melting pot.
Pour finir sur une touche résolument positive, à signaler en queue d'album, une grande chanson toute simple qui sent bon la campagne américaine et son inspiration religieuse " In the Lords Arms " comme quoi l'inspiration transcendante peut parfois avoir du bon.
A défaut d'un chef duvre, un très bon album d'un grand musicien doublé d'un homme simple et vrai. Ici, le Wild Wild West est plus conforme au feuilleton, cheap mais efficace et l'on se sent prêt à le suivre dans de nouvelles aventures, une fois la dernière note passée. Bertrand Ricard
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