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Bien que résidant à Rio depuis vingt ans, Lenine est, tout comme Otto,originaire de Recife, dans l'état de Pernambouc, sorte de capitale des nouvelles musiques au Brésil. Mais si Otto a résolument axé sa musique sur les breakbeats, Lenine compose une musique où se mêle classicisme et modernité en un habile syncrétisme, typiquement brésilien. Un syncrétisme suffisamment subtil pour qu'on n'en voit pas les coutures. Les percussions, par exemple, combinent à la fois les beats digitaux et les ancestraux berimbaus, cocos et coquillages. L'art de Lénine s'appuie sur les bases les plus traditionnelles de la meilleure MPB (musique populaire brésilienne) : compositions et mélodies soignées, travail riche sur les voix et le jeu de guitare sèche, et peut, sur cette base, brillamment mélanger balades et tempos urbains plus tendus. Le maracatu régional et le rock y font bon ménage. Comme sur le « Jack soul brasileiro » qui ouvre l'album. Après avoir « prêté » la chanson à Fernanda Abreu, sur « Raio X », Lenine l'interprète en y intègrant des hommages à Jackson do Pandeiro et son «Cantigo do sapo» et au célébrissime et emblêmatique «Chiclete com banana» : «eu vou misturar Miami com Copacabana / Chiclete eu misturo com banana / E o meu samba, e o meu samba vai ficar assim». Autant le dire, ça commence très fort. Et cela ne faiblira guère en cours de route. De ballades en funk ralenti, Lénine connaît sa voie, il est son propre guide ("E eu irei em qualquer direção / E voltarei, eu sou meu guia"). On retrouvera aussi d'autres morceaux puissants comme "TubiTupy", sorte de rock soutenu par le berimbau, ou comme "Alzira e a torre" s'introduisant comme un pur morceau de hip-hop, avec son beat et ses sirènes, avant qu'une lourde basse ne porte l'ensemble vers le meilleur de la fusion funk-rock. Puis, on enchaîne derrière avec "Ruada passagem (Transitô)" où un sample de trompes rudimentaires tournoie, envoûtant, et donne au morceau une vraie pulsion de transe. Mais déjà, la fin approche, "Relampiano" se fait vibrant, accompagné par l'accordéon de Dominguinhos, et la promenade se conclut par "Eu sou meu guia", où la guitare et la voix tirent vers la ballade tandis que les percussions de Nana Vasconcelos et des breakbeats secouent une dernière fois le cocotier... Avec Lénine, c'est donc toujours aussi créative que la MPB passe le cap de l'an 2000 pour fêter les 500 ans du pays. Olivier Cathus |
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