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Alors que lalbum
Buena Vista Social Club est désormais disque de platine en France
(300 000 exemplaires) et quil sen est vendu plus de deux millions
et demi dans le monde, que lalbum dIbrahim Ferrer fut un beau
succès lété dernier, cest la première
fois, avec ce deuxième album des Afro-Cuban All Stars, que lon
voit sur le devant de la scène la bonne bouille de gros ours de
celui qui joua un rôle prépondérant dans toutes ces
réalisations : Juan de Marcos Gonzalez.
Lhomme aux dreadlocks et au béret était curieusement
(injustement ?) resté dans lombre jusque-là, cest
pourtant lui qui présenta à Ry Cooder la plupart des participants
de lalbum Buena Vista Social Club, organisant avec Nick Gold, patron
du label World Circuit, les sessions de ce qui était initialement
prévu comme une rencontre entre musiciens cubains et ouest-africains.
Depuis, on connaît lhistoire, il ny eut pas de musiciens
africains et lalbum fut une des meilleures et plus grosses surprises
de ces dernières années. À loccasion de ces
sessions, dans les légendaires Studios Egrem, pour lexcellent
label anglais World Circuit, senregistrait aussi le premier album
des Afro-Cuban All Stars dont Juan de Marcos Gonzalez était le
leader et le fondateur. Avec cet ensemble de musiciens de trois générations
différentes (de 13 ans à plus de 80), il voulait contribuer
à la remise en valeur du patrimoine musical cubain.
Ce quil faisait depuis plus de vingt ans déjà. En
1978, il fonda le groupe Sierra Maestra destiné à jouer
le répertoire cubain sur la forme dun septeto traditionnel
et où lui-même tenait le tres. Mais ce Docteur en
Agronomie de formation avait de la suite dans les idées : avec
les Afro-Cuban All Stars, cest cette fois-ci le big band
cubain des 50s quil ressucitait. Il voulait faire redécouvrir
les vieilles gloires oubliées et retraitées de cet "
âge dor " de la musique cubaine. Cest ainsi quil
alla retrouver Ruben Gonzalez qui navait même plus de piano
chez lui, ou Ibrahim Ferrer, égaré cireur de chaussures...
Avec ce big band qui additionne lexpérience des uns à
lénergie des autres, le pari fut gagné haut-la-main.
Aujourdhui, on retrouve à quelques variantes près
le même équipage All Star. Mais sont également embarquées
dans laventure deux grandes dames qui donnaient déjà
la réplique à Ibrahim Ferrer sur son album : Maria Teresa
Caturla et lincontournable et magnifique Omara Portuondo (dont un
album est à sortir cette année, toujours sur World Circuit,
impatience...), ainsi que le jeune flutiste virtuose Orlando " Maraca
" Valle.
Si lalbum est également ouvert à la moderne timba
(sur le morceau "Reconciliacion" visant à aplanir les
querelles entre Cubains et exilés), on retrouve sur ce classieux
Distinto, diferente les colorations du précédent
A toda Cuba le gusta. Pour notre plus grand bonheur, celui-ci nous
gusta à nous aussi.
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