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Q-TIP & A TRIBE CALLED QUEST :
Débuts et anthologie…

Olivier Cathus


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A Tribe Called Quest s’est séparé, quel dommage c'était certainement mon groupe de rap préféré. On s’en consolera, nostalgique, en réécoutant The Anthology (Zomba-Jive) où figure la plupart de leurs plus grands morceaux : les "Bonita applebum", "Check the Rhime", "Scenario", "I left my wallet in el Segundo", "Luck of Lucien", "Jazz (we’ve got)", "Can I kick it ?" ou encore "Oh My God", tous des perles, tous des chefs d’œuvre, tous des morceaux inscrits dans l’histoire du hip-hop et d’un groupe qui fut une borne tendue vers d’autres voies, ouvrant avec leurs collègues Native Tongues la route au "cool" rap…
Cette anthologie est bienvenue et plutôt bien faite, et l’on y trouve (ce qui est aussi la moindre des choses pour une compil’) des morceaux n’ayant pas figurés sur les albums (ou au moins sur les vinyls), le single "Hot sex" par exemple, ou la face B du single de "Can I kick it ?", l’un des plus grands morceaux du groupe, le nonchalantissime "If the Papes come"… À noter également une paire de remixes intéressants sur le cd-bonus.


Petit flashback… Les premières mesures de leur premier album, People’s instinctive travels and the path of rhythms, laissaient déjà augurer du drôle de groupe qui débarquait, à nul autre pareil, à l’aise dans ses baskets, maniant la dérision et l’humour avec une nonchalance guère de mise jusqu’alors. Leur deuxième opus, The low end theory, surprenait encore, plus arride, jazzy mais désséché, uniquement concentré sur les voix autour de l’épine dorsale du beat et des basses, encore une fois chapeau bas. Le troisième explorait plus avant cette voie… Au quatrième, ça se gâtait un peu, le son paraissait un poil plus conventionnel. Le dernier The Love Movement, assez réussi, demeurait quand même loin des premiers albums, chefs-d’œuvre historiques…
Peut-être valait-il mieux arrêter là les frais, A Tribe Called Quest était un groupe trop brillant pour se contenter de disques communs.

Du coup, en même temps que l’on se régale à réécouter les vieux morceaux, voici que sort le premier album solo de Q-Tip, Amplified (BMG), produit pour l’essentiel par The Ummah (c’est-à-dire Q-Tip lui-même et Jay Dee) . D’ailleurs la compil’ assure en quelque sorte la transition puisqu’y figure également le premier single de Q-Tip, "Vivrant Thing"…

Ce premier album nous offre donc au moins le plaisir de retrouver une des voix les plus immédiatement identifiable du rap, nonchalante et nasillarde, tout comme on était déjà content de l’entendre sur le "Got till it’s gone", le méga-tube de Janet. Si l’on peut s’étonner des sons électros qui ouvrent l’album (et que l’on retrouve aussi par petites touches plus loin, donnant une vague coloration 80’s par moments), on replonge vite en territoire familier, c’est-à-dire pile-poil dans les ambiances qui faisaient le charme incomparable de A Tribe Called Quest. Pour la petite anecdote qui ne mange pas de pain, à noter un sample de Kali (mais faut le savoir…). Plus loin, Busta Rhymes fait son furieux, comme déjà sur "Scenario" à l’époque, et cela semble faire beaucoup rire Q-Tip cette fois-ci. Egalement invité, le groupe Korn, ce qui est plus surprenant, sur un morceau qui donne l’impression qu’un orage va nous tomber sur le coin de la pomme mais reste finalement tout en tension contenue mais déjà bien bruyant…
Alors, bien sûr, on peut toujours regretter la séparation d’un groupe-fétiche mais on doit aussi reconnaître qu’ici Q-Tip, s'il ne verse pas dans le chef d'oeuvre, semble avoir retrouver quelque fraîcheur, qualité sans laquelle il aurait été impensable de continuer…

Olivier Cathus