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Les
liens de lexil seraient-ils moins forts que ceux du pied dimmeuble
? On peut se le demander à voir la circonspection avec laquelle
on se penche sur lobjet sonore suivant. Cest une méfiance
particulièrement aiguisée au sein du mouvement hip-hop,
tant à force davoir vu des "faux" groupes, on inspecte
de près les nouveaux venus pour voir sils seraient pas du
genre usurpateurs. Raison de plus quand les rappeurs en question sont
cubains. On se méfie car un groupe de rap cubain pourrait fort
ressembler à un rêve de producteur, à une de ses chimères
à blé.
Un filon à exploiter après que, dès son premier album
il y a deux ans, Mangu ait décroché la timbale et fait connaître
le rap latino sur fond de salsa samplée de par le monde. Cétait
une production américaine et le Mangu en question avait vécu
un temps à New-York avant denregistrer son album à
Miami.
Les Orishas, par contre, sont dorigine cubaine. Leur premier
album A lo Cubano (EMI) sorti à lautomne 99
fut annoncé comme la nouvelle sensation. En ces temps de mode cubano-latine
à tout va, il ne pouvait en être autrement. Alors, coup monté
? Quelque producteur a-t-il organisé un casting façon boys
band pour trouver ces perles de rappeurs cubains si recherchés
? Dautant plus quici le groupe est basé et sest
formé à Paris, signé par un label espagnol et rêvant
de conquérir à terme la communauté hispanophone des
States... Composé dun producteur français-ex-rappeur
(AS), de trois rappeurs cubains et dun chanteur de son, les Orishas,
à lécoute, nont pas manqué leur coup.
Belle réussite : les flows des rappeurs assurent, la couleur cubaine
est chaude, empreinte de son plus que de salsa. Le reproche qui pourrait
lui être fait est de manquer de variété, mais tout
compte fait ce reproche pourrait sadresser à nimporte
quel disque de genre, cest-à-dire à une majorité
de la production musicale. De plus, lalbum est susceptible de cartonner
avec une habile reprise de "Chan Chan", le célebrissime
morceau de Compay Segundo, taillée pour supplanter efficacement
loriginal dans les soirées
Là encore, interrogation
des sceptiques : bel et sincère hommage ou caresse dans le sens
du poil du grand public néophyte en la matière mais nayant
pu manquer dentendre déjà loriginal
Mais
va-t-on reprocher "Aïcha" à Khaled ?
Et, enfin, quant à lidentité du groupe, on reposera
la question : les liens de lexil sont-ils moins forts que ceux du
pied dimmeuble ?
Olivier
Cathus
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