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SAÏAN SUPA CREW :
LE HIP-HOP ORGANIQUE

Olivier Cathus


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Sur le front du hip-hop français, leur premier album KLR (Source) est loin de passer inaperçu, tant les Saïan Supa Crew sont le groupe drôle, intelligent et pétillant qui faisait défaut dans le paysage. S’avouant influencés autant par A Tribe Called Quest ou Busta Rhymes que par Timbaland ou Arsonists, loin des clichés, le Saïan renoue avec la veine Ol’School festive et revendique les valeurs positives et fondatrices de la culture hip-hop, un peu négligée ces derniers temps par nos rappeurs hexagonaux.


Les Saïan sont déjà bluffant par leur virtuosité à jouer de la human beat-box (et des "human scratches", si je puis dire), plantant le délire en trente secondes. Une manière de pratiquer le hip-hop organique en quelque sorte, une manière d’avoir sa musique en soi, de pouvoir balancer la vibe n’importe où, une capacité éblouissante à planter un groove a capella sans avoir recourt à la grosse armada des machines à son. Leur reprise de "Ring my bell", trop mortel ! ! ! Le groupe assure donc sur scène, Kool Shen leur a d’ailleurs dit qu’ils étaient les meilleurs perfomers live de la scène rap française du moment. Mais ces jeux vocaux sont aussi une manière de revendiquer l’attachement à la culture hip-hop, le beat-boxing est une technique présente dès les débuts et dont le groupe regrette qu’il soit oublié par trop de groupes aujourd’hui
Sort l’album. Révélation ou confirmation ? Y’a pas que les beat-box. Le disque est ouvert à toutes les influences, reggae, ragga, zouk, bossa, l’orchestre symphonique de Budapest, le thème du "Grand blond..." (!) Le travail sur les flows entrecroisés est remarquable et les textes sont reproduits pour ceux qui auraient du mal à suivre le débit. Bâti sur ce qu’ils nomment le "principe de la double claque, la première c’est la vibe, la seconde les paroles", là encore, ça tient la route loin des clichés. Ils revendiquent le travail accompli, y’a pas de mystère. Et s’ils ne manquent pas d’humour, la dérision et les vannes servent avant tout à avancer des vérités et briser des tabous : "Le hip-hop impose une pensée, deux fois plus sensée / que trois rappeurs branchés".
Plutôt que de jouer au gangster, les Saïan tiennent à rappeler que le hip-hop doit servir à ramener sa fraise. Et que la meilleure arme pour se faire entendre est l’intelligence du propos. Et on croit halluciner de voir que les radios trop conformistes trouvent encore que leur musique n’est pas assez formatée pour leurs ondes ! Les Saïan Supa Crew, le groupe trop cool pas dans le moule !

 

Olivier Cathus