le gredin


VAUDOU BIEN

 

Olivier Cathus


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Voodoo (EMI), album au titre pour le moins ambitieux, marque le retour de D’Angelo cinq ans après. Révélé par Brown sugar en 1995, D’Angelo fut d’emblée bombardé tête de file de la "nouvelle" soul, au même titre que Me’shell Ndégeocello ou Erykah Badu, par exemple. Sévère avec ses pairs trop exclusivement dédiés au bizness, D’Angelo a préféré, à la fructification de son capital commercial, une voie qu’il décrit comme spirituelle. Nous n’attendions pas autre chose de celui que Libé a proclamé rien moins que le " Dalaï-Lama de la soul " (et qui ne l’empêche pas de vouloir absolument nous montrer ses abdos). Il n’y a pas dans la voie de D’Angelo le moindre renoncement au corps, au contraire sa musique évolue dans la plus sensuelle des moiteurs. Construite sur des tempos alanguis posés de la frappe sèche d’Amir ?uestlove, batteur de The Roots, accompagnée d’une guitare minimaliste ou de Roy Hargrove aux cuivres, les voix curieusement mises un poil en retrait mais multipliées
, la soul de D’Angelo prend le temps d’enfoncer le clou du groove, s’immisce par la longueur des morceaux et reste brute sur cette colonne du beat qui doit autant au hip-hop et au funk qu’à cette analogie vaudou librement adaptée.


Avec ce Voodoo, D’Angelo signe là le premier grand chef d’œuvre de l’an 2000 et avec ses acolytes, ?uestlove et autres Soulquarians, contribue à inventer le son et la soul de son époque.


Ce vaudou-là est aussi une référence au " voodoo child ", Jimi Hendrix, dont l’esprit a inspiré l’album, d’ailleurs enregistré dans son Electric Lady Studio (mais on trouvera aussi l’influence de Prince sur certains morceaux).
Un disque envoûtant, parce qu’il le vaudou bien.

 

Olivier Cathus