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Il
est paradoxal quau moment même ou KORN rentre dans le rang
quil intitule son album "sorties". KORN qui avait été
jusquà maintenant un groupe difficile tant sur le plan mélodique
et auditif que relationnel, (on sait les problèmes rencontrés
par le groupe en Europe et sa mauvaise réputation justifiée
de ce côté de lAtlantique) cherche à la fois
à accroître son audience et à garder les fidèles
de la première heure, ce qui donne cet album hybride et mineur
dans sa discographie.
Dun côté lalbum démontre une volonté
délargir le spectre sonore typique du groupe, connu pour
ses infra-basses et un son grave et rugueux, aussi le groupe emploie de
nouveaux les cornemuses sur Dead et va même jusquà
sapprocher sur "Make me bad" du son John Barry. Le groupe
tente même pour la première fois de flirter avec de mélodies
plus classiques, ce qui permet à Jonathan Davis de laisser éclater
sa classe et lampleur de son registre. Pour une fois, on sait le
respect que lon doit à Brendan O Brian, celui-ci a desservi
le groupe en polissant les chansons, en les rendant plus lisses. Contrairement
aux disques précédents la dynamique entre les graves et
les aigus est moins prononcée, la rythmique est plus en arrière
et les guitares moins violentes.
Mais lorsque lon réécoute les deux premiers albums,
beaucoup plus sauvages, on saperçoit que rarement un groupe
a mis autant deau dans son vin en si peu de temps. Sil fallait
parler de chemin parcouru, on ne sait plus trop sil faut parler
de retour en arrière ou de marche logique en avant. Au final cest
cela qui déçoit, de voir KORN devenir un groupe de plus.
Non cet album nest pas mauvais, il est même franchement écoutable,
mais cest justement ce qui déroute. Il nengage plus
lauditeur à lutter avec le groupe, derrière la hargne
et la rage, pointe lamertume et la tristesse.
Cet album est dune certaine manière triste dans sa conception
et sa réalisation, il se dégage comme un goût daseptisation
et de triomphe pour lindustrie du disque. KORN devient un groupe
blanc et semble avoir perdu son désir de métisser les musiques,
la culture black et californienne sest effacée, au regard
dune fusion plus délibérément rock-pop. En
plus lalbum traîne un sentiment dusure et de déjà-vu,
le groupe a tendance à se répéter un peu, plusieurs
morceaux ressemblent franchement à des chutes de lalbum précédent
et à perdre son désir dexploration. Cet album sent
lobligation contractuelle, sortir des disques tant que cela marche
et exploiter le filon - il faut dire que le succès du groupe est
colossal aux USA, le groupe a éclipsé, à lexception
de Limp Biskits, tous ses concurrents.
Au final un disque dun groupe que lon ne saurait au choix
de qualifier soit dassagi ou de résigné, en tous cas
un disque de transition qui montre lembarras dans lequel se trouve
le groupe : poursuivre ses recherches sonores ou produire des tubes comme
ici "Falling away from me" ou "Somebody someone".
Une preuve évidente que lan 2000 sera loccasion dune
remise en question pour beaucoup.
Berric.
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